jeudi 26 avril 2012



Jack in the box  
Installation Performance
de Catherine Baÿ


Synopsis

Jack in the Box Installation Performance à Ivry sur Seine, Nuit  Blanche, octobre 2011. Photo : Roel Stassart


Ils sont deux, pourraient être trois, cinq, vingt, ou cinquante. Quoi qu'il en soit, là, à cet instant, en ce moment présent, ils sont deux, suspendus entre deux mondes entre deux temps, ils sont ce que nous sommes, ce que nous pourrions être et ce que nous ne serons jamais. À savoir un tableau de Pollock, une orgie romaine, un champ de bataille, un fumeur de cannabis ou bien encore un joueur de flûte ou un danseur de flamenco.
Le sol est jonché de détritus, une couche de poussière, tels les restes d'une humanité. La question que soulève cette performance est celle de la responsabilité que l'homme s'octroie face à son destin.

Point. Ouvrez les guillemets.

Assis donc entre deux mondes pour ne pas dire posés là .....
Ils gisent. L'action aurait pu avoir lieu, mais ils en ont décidé autrement, par pur engagement ou par pure soumission....
Dans ce cube blanc, dans cette vitrine, deux silhouettes assises, posées là, nous regardent, nous spectateurs et cela avant même que le combat ne puisse s'engager.
Pris entre quatre yeux, nous spectateurs, sommes dans l'obligation du regard. Cela pourrait être aussi simple mais là, derrière nos deux clowns, apparaît une série de questions projetées en lettre grasse. De la simple devinette de carambars aux questions d'ordre métaphysique, ces phrases nous renvoient à la précarité de notre
condition humaine. Le clown fait figure de vanité…

Qui interroge ? Qui répond ? Qui lit ? Qui voit ? Qui regarde ? Qui subit ?

Est-ce une autorité suprême qui prend ici la parole ? Est-ce le clown ? Est-ce le spectateur ? Les trois ? Les deux ? Un ?
C’est à travers le jeu des acteurs que se créera la partition de ce jeu de pouvoir ? De miroirs ? D’images…
Vanité oh vanité tout n’est que vanité.
Et après quoi ? Cela aurait pu commencer.
Suspendus entre deux mondes les clowns sont le reflet d'une pensée en action celle qui observe agit et meurt.

L’acteur, celui qui sait jouer de l'espace et du sens.
L'acteur, dans sa relation avec l'espace, parvient à ralentir le regard du spectateur, à impliquer celui-ci dans la réflexion qui se joue autour de l'image.
L'acteur, dans le jeu qu'il introduit avec les codes de représentation, invite le spectateur à écrire son propre scénario, au gré de sa mémorisation de ces codes, et de ses anticipations.
L'acteur, comme illusionniste du temps, développe des focales (distance entre le public et l'image vue).
À la fois acteur et témoin de son jeu, cette distance que nous travaillons, permet à l'acteur d'être à la fois dans l'image et hors d’elle. Cette distanciation nécessaire à la réflexion, crée des poches de résistance où se développent de possibles imaginaires.

C'est en ce sens que, pour moi, la philosophie, comme la danse, crée des postures d'équilibre qui permet à la pensée de se développer.
J'entends par acteur celui qui sait jouer de l'espace et du sens. La scène est pour moi le lieu de composition de ces différents éléments.
Nous pourrions également parler de danseur, mais ce terme implique encore dans notre culture une abstraction, qui, pour ma part, réduit le travail de l'acteur.

Catherine Baÿ


Une installation In Situ


Jack in the Box s'adapte à tout type de lieu : musée, vitrine, galerie...

Jack in the Box Installation Performance à Ivry sur Seine, Nuit  Blanche, octobre 2011. Photo : Roel Stassart



« Ces clowns sont les témoins de la mémoire des lieux qu'ils nous restituent par leur présence. »




 « Jack in the Box…
Tentative d’éclaircissement du mystère »
Entretien entre Catherine Baÿ
et Samantha Barroero

SB : Catherine lors de la présentation de Jack in the Box au Mac Val le 5 juin dernier, tu t’es mise en scène dans ton propre dispositif, assise de trois quart dos au public. Pourquoi être devenu un personnage de ta propre performance ?
CB : Jack in the Box est une pièce qui constitue un tournant pour moi. J’ai mis beaucoup de temps pour la mettre en place. Tout d’abord parce que je disposais de très peu de moyens, et qu’après chaque session de travail il y avait toujours un acteur qui disparaissait (disons se dégageait du projet). Le dernier en date est même devenu moine ! Alors forcément… il arrive un moment où on peut se demander si ce n’est pas ma propre place (moi chorégraphe metteur scène) qui était en jeu dans cette
boîte (rire).
Jack in the Box à l’origine est un travail sur la question de l’autorité. J’avais déjà écrit une pièce sur les hommes politiques et leur rapport à l’image et au discours : « Relief ou le discours sur l’éloquence ». 10 ans après soit presque une génération cette question me semblait intéressante à reposer. En effet, après les années Bush, Berlusconi… l’image avait changé et surtout la présence des corps des hommes politiques à l’écran avait été domptée. J’ai alors fait un parallèle pour moi évident entre l’homme politique et le « Clown blanc ». Au cirque les clowns blancs sont des anciens acrobates déchus, tombés du ciel et qui exerce leur pouvoir sur Auguste (le clown au nez rouge). Les hommes politiques ont tellement travaillé leur image qu’il n’y a plus de perméabilité avec la société. J’ai donc décidé de priver les clowns blancs de leur Auguste et de voir comment ils allaient pouvoir réagir et se débrouiller. Evidemment pour continuer la métaphore c’est aussi une manière de me retrouver moi chorégraphe face à l’autorité qu’implique ma fonction vis-à-vis des acteurs.
Au fil des recherches sur ce projet j’ai rencontré et me suis confrontée à plusieurs artistes. Je souhaitais vivement collaborer avec eux sur Jack. Vincent Beaurin un sculpteur m’a notamment parlé de la question de la Statue, considérant lui-même ses oeuvres non pas comme des sculptures mais comme des statues. Cette réflexion m’a amené à questionner dans Jack la présence de l’immobile dans le jeu même des acteurs. Mais aussi la question du statut de l’artiste et de son engagement. Ainsi après quelques représentations j’ai eu envie de me mettre en effet moi-même en scène comme un élément immobile mais vivant. En fait je statuais.
J’ai fait cela aussi en référence à cette tradition de la performance où l’artiste se met presque toujours en scène (Marina Abramovic, Bruce Nauman, Gordon Matta Clarck…) Depuis que je fais des performances je ne m’étais jamais impliqué physiquement dans mes performances, sauf une fois il y a très longtemps…Voilà les choses arrivent toujours comme évidence et au Mac Val dans le contexte du Musée, j’ai vu Jack in the Box comme une vanité et moi dans le dispositif en référence à l’autoportrait. D’autant plus que l’Autorité engage aussi un positionnement. Il fallait donc que je le prenne.

SB : La performance a duré deux fois 60 minutes, qu’as-tu ressenti pendant cette durée, posée
là ?
CB : moi personnellement rien, j’avais juste de légers picotements dans les doigts.

SB : Qu’apporte ta présence dans le jeu des deux comédiens ?
CB : Le fait d’être là dans le dispositif, il me semble, même sans l’avoir vu, que dans l’espace cet élément (moi assise de dos) renforçait les perspectives et qu’ainsi l’espace était tout d’un coup plus vivant. Les deux Clowns blancs retrouvaient cette fois non pas Auguste sur lequel ils auraient pu s’appuyer et exercer leur pouvoir mais du relief donné par cette tâche de couleur. J’ai sciemment voulu porter un T-Shirt bariolé pour cela, en référence aussi à Arlequin dont Michel Serres parle si bien en terme de pluralité. J’ai demandé à la costumière de me faire pour les jacks des costumes blancs mais sans paillettes. Je les voulais bruts, raides. J’ai même failli demander qu’elle laisse les traces de confection (les traits de découpes et de coutures). Ce costume est loin de celui à paillettes du clown blanc habituel… Jack in the Box à l’origine baigne dans le blanc. Le fond et la forme se confondent. Alors là évidemment ajouter une touche de couleur changeait quelque peu la donne.

SB : En ajoutant des couleurs, Jack in the Box ici deviendrait-il un tableau ?
CB : Non une performance. Si Jack in the Box avait quelque chose à voir avec un tableau (vivant), ce serait à l’image des portraits du photographe Allemand August Sander qui avait pour règle la participation active de l’individu à son portrait.
Une chose que je voudrais souligner : c’est que lors des répétitions les techniciens, employés et femmes de ménage du musée passaient et repassaient dans le dispositif. Les clowns agissaient alors comme des révélateurs des mouvements, de l’habillement, du comportement de ces personnes. Là j’avais réellement sous les yeux un tableau vivant. La même chose lorsque le public entre dans le dispositif c’est là que l’on peut peut-être voir un tableau. Ainsi se définit peut-être le rôle de mes clowns. Ils sont des passeurs.

SB : Ah c’est ainsi que j’avais compris la vidéo. Ces questions absurdes ou métaphysiques qui apparaissent régulièrement en projection sur le mur. C’était pour moi comme si c’était toi ou les deux clowns qui les posaient et progressivement il y avait un glissement comme si c’était nous le public qui nous les posions…
CB : Oui c’est tout à fait ça. En fait c’est ça et la question c’est : « et l’autorité dans tout ça ? ». L’autorité c’est ça… C’est ce qui fait que les gens peuvent se poser des questions. C’est avoir le pouvoir de passer, de transmettre… C’est être à l’oeuvre…
Les questions projetées ne sont pas des éléments de narration en effet elle sont justes là comme des signaux.

SB : En parlant de narration justement, « Jack in the box » à mon avis détourne sans fin toute tentative de raconter une histoire. Pourquoi Catherine essaies-tu d’échapper toujours au récit ?
CB : C’est au public toujours face à une oeuvre de créer son histoire. Mes jacks sont peut-être des corps en attente de fiction.

SB : Pour conclure qu’est ce qui est déterminant dans la présentation de cette performance dans le cadre même d’un musée (à la différence de l’espace public) ?
CB : Quand j’ai présenté la version de Jack in the Box dans le cadre du festival 360 degrés à Saint-Brieuc, les comédiens intervenaient dans une boutique abandonnée dans le centre ville. J’ai travaillé sur l’aspect apparition/disparition, une sorte de présence/absence des clowns dans la ville. Dans le cadre du Mac/Val forcément l’environnement autour a joué. Jack se confrontait ici à une collection d’oeuvre d’art. Le son même. Le musée est un lieu qui amène à l’introspection ou du moins à une certaine méditation. Le fait que l’on puisse rester le temps que l’on désire est important. Selon notre disponibilité, notre temps d’écoute, ce que l’on ressent, les moments que l’on vit sont différents dans un espace public où mes installations ou performances travaillent avec la réalité de la ville. Au Mac/Val il y avait à côté de l’installation une oeuvre dont le son (bruit de mouette) se mêlait à Jack. Un pur hasard, le genre d’accident que j’aime voir se produire dans mon travail. Finalement, cela s’harmonisait très bien avec la bande son de Jack voire l’installation et la performance même. Ce qui m’intéresse quel que soient le public, les acteurs, ou le contexte, et plus particulièrement dans ce cas les oeuvres, c’est la confrontation, au sens large du terme pas seulement en terme de conflit mais en terme de rencontre. C’est à mon avis cela la performance, du moins la création et tout ce qui s’induit et s’ensuit (rire).

Catherine Baÿ & Jack in the Box
Installation performance, Vitry/seine, MAC/VAL, le 05 juin 2011

Texte de Mehdi Brit

Déambulations latentes. Mouvements. Arrêt sur image. Eclairage d'appoint ou lumière dissonante, elle est loin, distante. Le public observe les deux clowns blancs, posés, juste là. A gauche, une femme, Catherine Baÿ, assise, elle reste là et ne bouge pas.
En face, la projection d'une série de questions:
"Pensez-vous être dans un appartement, un hall de gare, une zone de fret, dans la rue ou à l’hôpital ? Etes-vous sincère ? Pourriez-vous me dire un nombre de zéro à quinze ? Préférez-vous le noir au blanc ? Savez-vous reconnaître une chèvre, d'une fée ? Etes-vous lâche ? Pensez-vous qu’il soit gentil de courir après un mouton ? Croyez-vous en dieu ? Pensez-vous qu'une plante est un être vivant ? Etes-vous capable d’un minimum d’effort et de compassion ? Seriez-vous prêt à renoncer à vos privilèges ? Que diriez-vous à vos proches avant de les quitter ? Pensez-vous que le pire est à venir ? Considérez-vous la vie comme quelque chose d’essentiel ? Est-ce que vous vous aimez ?
Etes-vous mort ? Pensez-vous qu'un temps, comme celui-ci, soit inutile ? Savez-vous qui nous sommes ? Désirez-vous nous prendre dans les bras ? Nous enlacer ? Ou bien, pensez-vous que les gens comme nous sont à exterminer ?"

Catherine Baÿ aime ces moments d'abandons où il est difficile de discerner l'angoisse de la jouissance et la peur de la joie. Friande d'une époque où le temps est révolu, elle joue avec les objets, personnages – des lueurs hypnotiques qui composent désormais les astres symboliques prêts à catapulter l'humain vers un interstice empreint d'onirisme et de magie. Les clowns blancs, ne sont-ils pas ces êtres monstrueux – miroir du gouffre d'antipathie présent chez chacun d'entre nous? Ici, en dedans et au-delà, la blancheur cristallisée sur les personnages imaginés par Catherine Baÿ qui composent un chant métaphorique, voire des notes de musiques incarnées selon le rythme presque machinal des gestes et des mouvements proposés. Cette pièce aurait pu s'intituler : “Hommage à Eric Satie”. Silencieuse pourtant, cette performance examine avec grâce, la mélancolie de l'être et la maturité vers laquelle ses pas le promènent.

De ce projet réalisé dans l'ici et maintenant, une question se pose: a-t-on a(f)faire à une performance ou une installation (hybride)? Une passerelle vers...la connaissance?!
Trois personnages abandonnés dans un no man's land où règne la fragilité et l'angoisse d'un silence trop long. Mais voici qu'un autre personnage fait son apparition: le public évidemment. Des questions, il y en a tant. Elles semblent obsolètes et sans grand intérêt. Totalement faux. Elles expriment ces pans vertigineux auxquels on n'ose encore répondre. Alors la pièce nous interpelle: doit-on rester muet ou se laisser tenter et prendre le risque de balancer une réponse pas très "scientifique". Le public doit décider de lui-même: participer ou regarder? Répondre ou se taire? Choix difficile quand la proximité existe à quelques mètres.

Les clowns ont perdu de leur magie et de leur force, loin d'une quelconque référence à Fassbinder pour n'être qu'une image, une métaphore de ces questionnements universels. Finalement, Catherine Baÿ n'essayerait-elle pas de disséminer quelques indices, des Blanche Neige à aujourd'hui, matière à restaurer chez chacun d'entre nous, des mises à jour élémentaires sur la vie et le rapport à l'autre. En somme, ne cherche t-elle pas à ouvrir les sens pour revenir vers des réflexions primaires – une expérience écartée de toute perversion sociétale? Jack in the box n'est peut-être pas une performance et ne se résume pas tant aux explorations physiques d'une figure archétypale qu'à l'avènement d'une surface parsemée de contradictions. Jack n'est-il pas le miroir qui transcende et explose l'image de chacun? Cet entre-deux est une boîte dans laquelle Jack, c'est dire à nous, sommes à la recherche d'une forme sensible d'humanité avec laquelle la passion extirpe au Monde un soupçon de réaction pour faire basculer ce désir de mouvement vers un ailleurs où l'homme "s'octroie face à son destin".

Mehdi Brit
Commissaire d'exposition
Revue Diapo

Les Clowns

June McGrane (actrice-performeuse, musicienne)
Formée au théâtre à l’Ecole Jacques Lecoq, Paris et à la London School of Performing Arts. June travaille en tant que performeuse avec l'artiste Catherine Baÿ pour les projets Jack In The Box et Blanche Neige, ainsi qu’avec Dorsaf Ben Nasser, Compagnie Terrain Vague pour Maison Close. En tant que comédienne, musicienne et performeuse elle a travaillé sur différents projets aux Etats-Unis, en Australie et en Europe. Elle est actuellement en tourné en France avec La Cantatrice Chauve, mise en scène par Augustin Bécard et viens de réaliser une documentation vidéo sur le travail de la chorégraphe Fran Barbe ‘From Studio to Stage’, Université de Kent, Angleterre.

Gwendal Lego (Performeur, plasticien)
Formé aux Arts Plastiques aux Beaux-Arts de Rennes, Gwendal suit en parallèle une formation en Art Dramatique. Il explore depuis 15 ans les multiples aspects de la performance et du théâtre dansé - jeu, mise en scène, écriture, scénographie, compositions musicales. En ce moment il travail a sa première exposition de dessins ayant pour thème l’amour dans l’espace ainsi qu’a un projet photographique sur l’endormissement au travail.


Sénographie :

Maïa Janccovici : artiste platicienne
Formée à L’Ecole Nationale des Beaux-Arts de Paris. Maïa Janconivi a travaillé un dispositif scénique variable pour Jack in the Box. 3 grandes sculptures blanches (modules), à l'aspect mat et brut. Stries. 
(échelle supérieure à celle d'un corps humain ; matériaux envisagés, résine ou mousse enduite).
Chacune de ces formes peut être posée (ou suspendue) de plusieurs façons.  L'agencement des trois pièces dans l'espace est, de ce fait, variable. Ceci permet des variations  d'espace en fonction  non seulement des lieux de monstration (volume, lumière, vision frontale ou périphérique des spectateurs.) mais aussi de choix de mise en scène particuliers. Elle a ainsi composée un paysage qui permet la découpe et la fragmentation de l'espace et des corps. Autour de la question du temps, de la posture à la finitude, par le déséquilibre. http://www.maiajancovici.org/

Lumière :

Caty Olive : Conception d’installations et scénographies lumineuses
Formée à l’École nationale supérieure des arts décoratifs de Paris créé des scénographies lumineuses. Elle partage ses activités entre des projets d’architecture, expos, installations plastiques, et de spectacles chorégraphiques. À travers ces différentes activités, les recherches sur les mouvements de glissement et de vibration de la lumière l’attirent tout particulièrement. Pour « Jack in the Box », Caty Olive a travaillé sur la perméabilité et la mise à distance des deux acteurs avec le public.

Son :
Antoine Miniconi - Percussionniste
Antoine Miniconi a étudié les musiques animistes afro-cubaines auprès de grands maîtres des tambours sacrés à La Havane. Il poursuit aujourd’hui ses recherches musicales sur des compositions où électroacoustique, nouvelles technologies et musiques traditionnelles se répondent. Pour cette version de « Jack in the Box », Antoine Miniconi et Catherine Baÿ ont travaillé la bande son sur la question de la réminiscence, de la mémoire et comment ces dernières nous traversent, nourrissent notre imaginaire collectif et ressurgissent. http://manleycv.blogspot.com/2007/02/antoine-miniconi-cv.html


Jack in the Box, Saison 2011

1er octobre 2011, Nuit Blanche, Ivry-sur-Seine

5 juin 2011, MAC/VAL, Vitry-sur-Seine

1-2 avril 2011, Festival 360 Degrés, La Passerelle – Scène Nationale, Saint-Brieuc


Fiche Technique

Espace/Lieu : Variable

Durée : 1h à 4h

Matériel : Costumes,, matériel de diffusion vidéo et sonore. Lumière à définir in situ.

Mise en scène, chorégraphie : Catherine Baÿ

Interprètes : Gwendal Lego et June Mc Grane

Costumes : Garance Stassart,

Scénographie : Maïa Jancovici

Lumière : Cati Olive

Habillage sonore : Antoine Miniconi

Production : Association du 41

Co-Production : La Passerelle, scène nationale de Saint-Brieuc
Avec le soutien de Micadanse Paris, Fondation Brownstone, Buda Kunstencentrum, Courtrai,
Belgique, Fondation Cartier, Paris

Chargée de projets : Samantha Barroero & Mehdi Brit 

Contact production :
Association du 41
41 rue du Faubourg Saint-Martin
75010 Paris
+33 971 383 619
assodu41@wanadoo.fr

Site internet et blog :
http://catherinebay.blogspot.com/
www.blanche-neige.fr


vendredi 27 mai 2011







Jack IN THE BOX / MAC VAL
Performances et installation au Mac/Val le 5 juin 2011. Chorégraphie de Catherine Baÿ.
Après ses blanche-neige, la chorégraphe Catherine Baÿ interroge cette fois, une autre figure, un autre archétype : le clown blanc. Tout comme les blanche-neige, ils sont détournés de leur environnement et deviennent objets, vanités, créant un malaise et un questionnement sur les codes, la norme qui là, se dissolvent dans une blancheur presque picturale. Une mort et une disparition qui s’effectuent dans une ironie volontaire.
Acteurs : June Mc Grane et Gwendal Lego Conception et réalisation : Catherine Baÿ, costumes : Garance Stassart, lumières : Caty Olive, musique : Antoine Miniconi, chargée de production et de diffusion : Samantha Barroero.
Production : Association du 41

mardi 25 août 2009

Jack in the Box




La boîte.


La boîte de l’appareil photographique. La boîte-télévision. Boîte à image, image comme boîte scellant un instantanée d’une scène, d’une situation, de personnages et leurs postures.Les nombreuses images qui envahissent notre quotidien, leurs impacts émotionnels qui visent nos pulsions primaires (la peur, l’envie…).
L’image est devenue bavarde, que ce soit celle qui nous est imposée par les journaux, les supports publicitaires, ou abusivement par la télévision.Ces images nous dictent nos désirs, nous assaillent de leurs discours, nous éloignent de nos imaginaires.

 Comment libérer l’image de son discours pour en extraire du récit ?
Face au paradoxe qui voudrait que l’image s’impose comme discours et que l’homme soit astreint au silence, mon désir est d'apporter le silence à l'image et de rendre le langage aux gestes.
Des images vidées de leur discours, pourront commencer à inventer leur propre récit.
La chorégraphie a pour elle, qu’elle invente le silence . Le silence agit alors comme révélateur du récit. En imposant le silence à l’image, la chorégraphie libère celle-ci de son discours et invente des distorsions du réel, des possibles, des imaginaires.
 
Comment peut être traitée cette image choc pour qu’à nouveau une circulation fonctionne entre un fait d’actualité et notre pouvoir d’engagement face a cette actualité?
En isolant une image et en permettant sa mémorisation par le public, il sera possible de développer de multiples avenirs possibles de cette image  par un jeu de déconstruction/reconstruction, de manipulation, avec comme levier, les corps, leurs gestes, leurs postures, les rythmes.
Je suis très intéressée par le mouvement et la composition de l’image. La chorégraphie, comme processus de construction de cette image, au-delà d’une narration, permet d’éveiller l’imaginaire. Elle peut également mettre à jour notre fragilité face à la puissance de l’image. Ici, le regard est sollicité dans ses capacités de mise en perspective. Le regard comme témoin d’une scène ou acteur de celle-ci.
 
Juste une image. Le pouvoir de l’image
Isoler une image, juste une image de son contexte. La mettre en apesanteur, en orbite, comme s’il ne restait de notre monde que cette image, seul témoin de notre civilisation. Reconstituer un monde à partir d’elle. Développer ses capacités de violence, de douceur. Extraire de cette image réduite au silence, sa charge de mensonges, d’humiliation, de terreur.
Une image témoin de notre civilisation...
Synopsis
Il était une fois...
Le sol est jonché de détritus. Une fine couche de blanc recouvre les déchets. On ne sait pas exactement ce qui s'est passé. Le temps semble suspendu. Serait-ce le reste d'une fête, un accident ou un attentat...? Les indices se contredisent les uns les autres.
Ils sont trois. Trois au total : deux hommes et une femme. Ont-ils été acteurs de l'événement, ou bien simples témoins? Viennent-ils d'arriver, ou bien sont-ils là depuis...? Ont-ils seulement un lien avec cette image?
Ils sont trois, une fille, deux garçons, trois témoins oculaires.
Le sol a glissé sous leurs pieds et ils se sont retrouvés pris entre deux poids et deux temps. Leurs mouvements sont parfois trop lents, parfois trop rapides. Étirés entre ces deux vitesses, leurs mouvements allongés à l'excès renvoient leur corps à des allures grotesques.
Ils sont tiraillés entre deux temporalité et cette position inhabituelle leur donne un statut de non lieu. Ils hoquettent entre un passé et un avenir.
Ils sont là, en attente de paradis. Quelque chose les a réuni dont ils n'ont pas la moindre idée, le moindre soupçon. Quelque chose de très fort. Happés par le mouvement d'un quotidien accidenté, leurs regards passent inopinément de l'actif au passif.
Il manque au tableau quelque chose pour que l'événement ait eu lieu, ou qu'il ait été marqué comme ayant eu lieu. Et ceci pour la simple raison, qu'il manque au puzzle la pièce principale, ou bien, que nous, spectateurs, sommes  aveugles.
L'image tient par une illusion, comme une fleur sans vase qui tiendrait en l'air.
Face à cet événement historique, l'absence de centre éveille une sorte d'état de crise permanente, laissant les protagonistes dans un état de veille continuelle. Étaient-ils là depuis cinq ans, dix ans...? Ils sont tel Sisyphe en vacances, hostiles à tout engagement. Ils sont trois et peut-être morts. L'élan qui accompagne leur état de veille les a lâchement abandonné. Celui-ci est parti, en refusant toute négociation, les laissant face à leur immortalité. L'image maintenue, au bord du chaos, pas tout à fait avant, ni vraiment après, renvoie la scène à trois points de suspension. 
Note de mise en scène 
L'acteur, celui qui sait jouer de l'espace et du temps
L'acteur, dans sa relation avec l'espace, parvient à ralentir le regard du spectateur, à impliquer celui-ci dans la réflexion qui se joue autour de l'image.
L'acteur, dans le jeu qu'il introduit avec les codes de représentation, invite le spectateur à écrire son propre scénario, au gré de sa mémorisation des codes, et de ses anticipations.
L'acteur, comme illusionniste du temps, développe des focales (distance entre le public et l'image vue). À la fois acteur et témoin de son jeu, cette distance que nous travaillons permet à l'acteur d'être à la fois dans l'image et hors d’elle. Cette distanciation nécessaire à la réflexion, crée des poches de résistance où se développent de possibles imaginaires.
Pour moi, c'est en ce sens que la philosophie, comme la danse, crée des postures d'équilibre qui permet à la pensée de se développer. J'entends par acteur celui qui sait jouer de l'espace et du sens. La scène est pour moi le lieu de composition de ces différents éléments. J'utilise  l'interactivité entre le jeu de l'acteur et le regard du spectateur comme un terrain de jeu. Nous pourrions également parler de danseur, mais ce terme implique encore dans notre culture une abstraction, qui, pour ma part, réduit le travail de l'acteur.
      Catherine Baÿ, avril 2008